1870


En 1869, le gouvernement fédéral achète la terre de Rupert, vaste territoire situé entre les montagnes Rocheuses et les Grands Lacs, sur lequel la Compagnie de la Baie d’Hudson détenait le monopole de la traite des fourrures depuis 1670. Pour le gouvernement fédéral, il s’agit d’une simple transaction financière entre un État et une entreprise privée, une étape nécessaire dans le projet d’extension des frontières du Canada jusqu’à l’océan Pacifique.  

Par contre, pour les Premières Nations des Prairies, qui résident depuis des milliers d’années sur cet immense territoire à l’ouest de la province de l’Ontario, ainsi que pour les Métis, qui y forment une nation, il s’agit d’un acte impérialiste et violent. Ces nations se sentent dépossédées, car elles n’ont pas donné leur accord à cette transaction et n’ont même pas été consultées.

En réaction à l’usurpation, les Métis constituent le gouvernement provisoire de la rivière Rouge et font entendre leur voix. La déclaration des habitants de la Terre de Rupert et du Nord-Ouest en témoigne. Les signataires, John Bruce, président du gouvernement provisoire, et Louis Riel, son secrétaire, interpellent leurs interlocuteurs blancs sans hésiter à faire appel à des principes de droit et de philosophie politique. Ils affirment que les Métis ont le droit de disposer d’eux-mêmes.  

Le gouvernement fédéral se résigne à négocier. Il lui est impossible d’envoyer rapidement des troupes pour prendre possession par la force de son nouveau territoire, puisqu’il n’y a pas de chemin de fer qui relie l’Ontario à celui-ci. Les négociations avec les représentants du gouvernement provisoire de la rivière Rouge mènent à la création de la province du Manitoba et à son entrée dans la fédération canadienne en 1870. Malgré les concessions accordées aux Métis, des milliers de colons de souche européenne déferlent sur le territoire. Les Autochtones s’en trouvent marginalisés et le processus de génocide à l’égard des Premières Nations et des Métis se poursuit.  

Français du Canada