Dans son énoncé économique du jeudi 15 novembre 2018, le gouvernement progressiste-conservateur, dirigé par Doug Ford, met fin au financement et aux opérations de l’Université de l’Ontario français (UOF) à Toronto. Évoquant des difficultés financières, il abolit du même coup le Commissariat aux services en français et en transfère la responsabilité au Bureau de l’Ombudsman. Ce « jeudi noir » déclenche un nouvel épisode de résistance dans la communauté franco-ontarienne. À l’appel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), des manifestations sont organisées un peu partout en province le 1^er décembre 2018. Ce sont les plus importantes depuis la campagne SOS Montfort en 1997.

Le Manifeste franco-ontarien est un produit de l’ère numérique. Ses auteurs soulignent qu’il est une œuvre collective, « inspirée de propos, de poèmes, de textos et de commentaires tirés de la toile ». William Burton, membre du groupe de rédaction, précise que le « cri du cœur » reflète le « désarroi des Franco-Ontariens de toujours avoir à se battre pour leurs droits » (Radio-Canada, 20 mars 2019).

La criée du Manifeste devient un outil de mobilisation visant à accroître la pression sur les autorités ontariennes. Dans le cadre du Mois de la Francophonie, en mars 2019, l’AFO organise une tournée de sensibilisation. Celle-ci s’arrête à divers endroits : Toronto, Hamilton, Barrie, North Bay, Sudbury, Hawkesbury et Ottawa. Une version bilingue du Manifeste est préparée pour l’occasion.

La mobilisation suscite aussi un élan de solidarité entre les francophonies canadiennes. Dans les semaines suivant l’annonce des compressions, à Québec, on hisse le drapeau vert et blanc à l’Assemblée nationale. Les parlementaires québécois adoptent une motion dénonçant une « nouvelle atteinte aux droits d’une communauté francophone en situation minoritaire au Canada » (Journal des débats, 30 novembre 2018).

Le mouvement est un succès. À l’automne 2019, grâce au concours du gouvernement fédéral, une entente intervient pour le financement de l’Université de l’Ontario français. L’établissement est inauguré en novembre 2021.